Top articles
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Gemme
... Pâle guetteur d’éternité polissant mon mal et ma gemme, retiré, au cœur du poème ... Inspiré du lied « Ich bin der Welt abhanden gekommen » de Friedrich Rückert (1788-1866), mis en musique par Gustav Mahler (1860-1911) Je me suis retiré du monde,...
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Sens au nez
... Epiée, en vie et vers, c’est vert, un nez mystique, belles jambes... À l’hémistiche, belles iambes, En pieds enviés et vers sévères, C’est, label, l’ode aux cent sonnets. Sa ballade est une rengaine, Sa comptine elle a quatre, trois strophes. D’eux...
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Eternité dans l’éphémère
... La musique est une jetée, un port aux courses maritimes, s’y déposent les alluvions de toutes nos désillusions ... Les musiques que nous aimons Sont au tempo d’un cœur battant ; Résonnantes sont nos rumeurs, À l’étrange appel de ces chœurs. Elles...
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Les aveugles
Roland Topor (1938-1997), Chapeau melon 1. Parfois je n’y crois plus, j’erre désemparé Dans une maison vide au pas de ma défaite, Comme un âme damnée, sans but et sans destin. Le dégoût vient parer ma bouche d’amertume Au trajet quotidien où ma vie se...
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Wholtemperierte klavier
Un dessin du musicien et caricaturiste Gerhardt Hoffnung (1925-1959) De longue date on sait que les doigts du pianiste, À force de frapper l’ivoire, au bois des touches, Echauffent le clavier. Au point qu’il faut souffler Parfois sur celui-ci comme on...
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Orchestration
Gerard David, vers 1510, la Vierge parmi les vierges (détail) Rebec et flûte à bec Aux rives du Québec, En selle, violoncelles À celles des Seychelles ; À Sète clarinettes, Aux crêtes les trompettes, Timbales triomphales Aux salles cannibales Pour le...
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Solfège
Partition de L'Oiseau de feu de Stravinsky annotée par Lydia Jardon. Rectitude savante aux lignes parallèles… La clé d’abord se love, avec son armature De dièses ou bémols. S’immole la mesure, Fraction sans effraction, deux temps, trois mouvements. Le...
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Cantabile
Andrea Sacchi (1599-1661), Didon abandonnée Cueilli et mis à nu ; bouleversé, vaincu Et comme transpercé ; le cœur enflé soudain, Les yeux emplis de larmes et, dans l’air raréfié, S’effarer d’exister, touchant peut-être à Dieu. Comme de l’émeri, toujours...
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Au déchant des clairières
Sur les rives du lac de Servières, Puy de Dôme, Photo LD Niché au cœur du monde, un petit coin de terre, Clairière au sein d’un bois où la sente aboutit. Là, un roc millénaire, un dolmen, et ma voix Qui résonne en ce lieu parmi les solitudes. Je viens...
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Postlude
Début du prélude en mi bémol de la seconde partie du Clavier bien tempéré Interlude, postlude, allegro con brio Toccata, sonata, basso continuo, Sinfonia grande molto espressivo, Clavecin en concert de Monsieur de Rameau ; Le plain-chant, le motet, messe...
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Lettres vives
René Char, poète et résistant français, (1907 -1988) Je lisais René Char face aux tréteaux de bois Devant la librairie qui soldait ses volumes. La rue bruissait de vie, du bruit des pas, de mots. C’était vers la midi et le temps était doux. Il y avait...
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Clavicorde
Le clavicorde produit un son assez ténu, qui en faisait essentiellement, autrefois, un instrument d’étude. Il était très prisé par Johann Sebastian Bach. Si je devais un jour, longtemps après ma mort, Revenir sur la terre et si le ciel fécond, Le dieu...
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Do not go gentle
Dylan Thomas, 1914-1953 Do not go gentle into that good night, Old age should burn and rave at close of day; Rage, rage against the dying of the light. Ne point aller, paisible, en la nuit murmurante, La vieillesse devrait honnir la fin des jours, J'enrage...
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Orphéon
Louis Léopold Boilly, (1761-1845), les chantres Il est des bruits divers et des conversations Dans le chœur Orphéon, lors des répétitions, Quand, d’un pupitre l’autre, on bute longuement Au chant de l' anacrouse , en la levée, rétive. Des basses en légions...
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Le hibou
Sais-tu que le hibou s'endort quand tu t'éveilles ? Je ressemble à ce vieil oiseau qui persévère À chanter dans la nuit quand bien nul ne l'écoute. Enfant, si, vers le soir, tu entends ma chanson , Ne va pas t'effrayer de ma voix qui répond Au vieil hibou...
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Magister
« Legato, legato ! » Disait le professeur ; « Les gâteaux, les gâteaux… », Pensait l’enfant rêveur. La leçon de musique où l’on solfiait, do, sol, Enfermait son esprit comme une camisole. Et l’âpre symétrie des lignes et portées Mettait si bien en cage...
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Epilogue de « La tempête »
William Hogarth (1697–1764), une scène de La tempête, de Shakespeare Now my charms are all o'erthrown, J’ai désormais lancé jusqu’à l’ultime charme, And what strength I have's mine own, Quelque force que j’ai, c’est là ma dernière arme Which is most faint:...
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L’ultime lieu
Le sarcophage des Muses, Rome, 150-160 après J.-C, musée du Louvre Par quelques gouttes d’encre sèche, Tombées sur du papier ligné, Mozart nous conte sa tristesse, Bach désigne l’éternité. Le musicien, sans vanité, Humble, nous offre cette ivresse, En...
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Après concert
Pieter Brueghel le Jeune (1565-1636), danse de noces en extérieur Nous chantions « le Tourdion » ou bien « vide ton verre », Tout entier visités par une joie légère Et les plus enragés sortaient leur partition, Cherchant parmi eux qui savait donner le...
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Les ailes du temps
Il s’en vint m’habiter, l’esprit de la musique. Les notes, les portées, l’armature, les clés : Ce sont choses cryptées, mystère à mon cœur lourd. Je me souviens avoir aimé la symphonie Sans y comprendre rien, ému par cette chose Immense, déployée comme...
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Danny Boy
Un chant. Comme une larme sèche Epanchée au souffle du vent, Une voix monte vers les nues, S’enroule dans le firmament. Alors l’espace, en un moment, À vif en ses traces ténues Tombe, à nos yeux, son paravent ; S’éclaire au feu de notre mèche. Lors, de...
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Rue de l’observatoire
Lea Vivot (1989) Le banc du secret, Montréal Un garçon, une fille, assis, là, sur un banc. Ils font salon à ciel ouvert, en se causant, À demi-voix et les yeux dans les yeux - de quoi ? Près de l’observatoire, au giron de la ville, Je sais un lieu désuet,...
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Petit mendiant
Le gamin à l’accordéon, N’est pas doué mais il y va, De tout son cœur qui fait des bonds Sous le soufflet qu’un jour creva. Il n’est pas vêtu de haillons Mais sa peau qu’un aïeul cuivra N’a pas trop connu le savon : La misère le poursuivra. Devant la...
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Orbe du chant
Luca della Robia, (1400-1481), tribune des chantres de la Cathédrale de Florence C’est un profond mystère, il nous perce d’un trait, Nous cueille à l’improviste et laisse bouche bée ; En nous le battement semble marquer le pas D’un cœur, soudain, blessé...
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BWV 869
C'est un homme qui marche et que, sereinement Une pensée devance et mène, calmement, Vers l'intime horizon d'un sublime prélude, Œuvre antépénultième en un livre d'étude. L'infini s'y découvre au regard du Cantor, Intime dénuement qui infirme la mort...