Infatué de raison

Publié le par Lionel Droitecour

... La vague, en chaque instant, revient sur le brisant, / Face à cet infini nous restons des enfants ...

... La vague, en chaque instant, revient sur le brisant, / Face à cet infini nous restons des enfants ...

Il est en nous, offerte, une raison funèbre,
Penser à autre chose, en cette finitude,
Qu’au seuil dernier n’est-il un vain déguisement,
Masque pour travestir notre livrée d’automne ?

Ainsi nous en allons, quand le printemps foisonne,
Fleurir à tout propos notre linéament
De ce désir qui hante notre incertitude,
Où le sort nous convie, sans penser à ténèbre.

Chaque soir nous attend une prochaine aurore,
Et l’aiguillon du sens en nous tisse sa trame ;
Demain est un prospect, une nouvelle chance,
Et l’absolu nous guide en ses vagues contours.

Mais peu à peu la vie sasse nos contrejours,
Il est une inquiétude , indécise fragrance,
Qui nait dessous nos pas et colore notre âme,
Et le silence infuse où la bouche pérore.

Oh, certes, c’est encore au prix de l’illusion,
La chair n’a point connu cette défaite ultime
Où le mal qui nous guette, en l’ombre d’un remord,
Se dessine en l’espace et sa polyphonie.

Le réel est le lieu qu’habite l’agonie
Et soudain près de nous, le songe de la mort,
Lui qui n’était qu’un mot, trouve part en l’intime,
Le chagrin de la perte invoquant sa pulsion.

Dans le mitan de l’âge ainsi, l’on fait le compte :
Comment, déjà dressée, la borne, en l’horizon ?
Comment, ce dol noué à nos reins triomphants,
Hier, mais désormais floués par le présent ?

La vague, en chaque instant, revient sur le brisant,
Face à cet infini nous restons des enfants ;
Grimés de nos paraître, infatué de raison
Nous répétant sans cesse, inepte, un même conte.

avril 2015

 

Publié dans Spiritualité

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