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Grume
... Ma grume en chaque émoi de mes remords s’ébranche ... Je m’en vais retourner au bloc opératoire. Le vilain crabe en moi, ne veut pas lâcher prise, Perfidement lové, tapi en mes entrailles, Auxiliaire zélé de la froide camarde. Une sourde douleur,...
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Chasse Goupille
... Chaque jour nous allons porter notre estampille au lendemain menteur qui nous tient en sa vrille ... Je ne sais d’autres voies que celle où je reviens Passager d’habitude aux mornes quotidiens, Vague en la vague, vaque aux marées sans retour Qui dessinent...
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Ferment du fascisme
... L'esprit de lutte meurt, la haine fait son lit / Tandis que résister redevient un délit ... 1. Le premier mai du peuple est comme la Toussaint Et l'ouvrier devrait y célébrer ses morts, Pendus de Chicago*, fusillés de Fourmies*, Tant de sang fut versé...
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Mémoires moires sont
... Je me torture le cerveau pour me souvenir de son nom ! ... Son visage m’est familier, c’est une vieille connaissance : Je le salut, il me répond, nous devisons… - Je me torture le cerveau pour me souvenir de son nom ! Hélas, bon sang, mais flûte !...
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L’heure est leurrée
" ... Et elles se sont décrochées, / Ni une ni deux, on filé ..." L’horloge est toute éberluée : Ses aiguilles se sont tirées ! Elles ont profité — bien fait, Que le garçon un peu distrait Qui remontait, ( quelle corvée ! ) Cette relique, antiquité, Avait...
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Ouvrage de parole
Pierre Ier de Médicis (1416-1469), duc de Florence, surnommé « le Goutteux » Délectable ambroisie que ma vieillesse adore, Puisque je dois veiller avec parcimonie Au choix de mes plaisirs, à leur économie, Maintenant que la goutte, garce, me gratouille...
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Fête des mères
... Mais bonhomme, tout fier, en son bonheur explose ... Il a le regard sombre et profond comme un lac, Petit garçon farouche à l'œil noir, bel et brun. Il hésite et se penche à l'étal du fleuriste, Y cueille un frais bouton, le respire, le pose ; Trie,...
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Embruns de l’aurore
... Au soir, comme banquise, en sa triste débâcle, / À l’encan de ce corps épuisé ... Close, comme le temps, notre errance mortelle, Effiloché ce lien dont l’amour nous ficelle Et sans objet, ces jours, qui se succéderont Sous un ciel d’amertume où nous...
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Nature morte
Jean-Siméon Chardin, (1699-1779), Ustensiles de cuisine Les poules effarées, haussées sur leur cou grêle, Errent, grattant, des vers , la terre nouricière. Points d’interrogations, écoute, échos, les « côôôt ?», Plaintive certitude, au fond des basse-cours,...
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Ainsi l’hiver bougon
Vassili Grigorievitch Perov (1834-1882), Fomuchka, détail Toute d’altière enjambées, la belle passe, Je la regarde, sur le quai, et je rêvasse ; La beauté qui paraît certainement terrasse Un vieux cœur fatigué, figé comme la glace. Ainsi l’hiver bougon...
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Histoire d’écritoire
... Je mitonne de clairs verseaux, / Pour vaincre la morosité ... Au parc, au cœur de la cité, Je songe où vont petits oiseaux, Et d’un petit bout de carton Pratique, fais une écritoire. Des douze pas de mon histoire, Pareil ainsi au marmiton, Je mitonne...
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Sonnet de l’adieu
Charlie Chaplin (1889-1977), image extraite du film « Les temps modernes », 1936 Il me reste un quart d’heure avant que de partir, Le temps de quelques mots tracés à l’aventure ; Douze syllabes fois quatorze lignes brèves, Pour t’écrire, l’ami, ce sonnet...
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Séant
... Restons là, sur notre séant, / D’autres ont soin de cette énigme ... La télévision tue le temps Et nous en sommes l’holocauste, Goule qui mange nos instants Nous laissant seuls devant le poste. Face à ce brillant artifice Nous ne sommes plus que béance,...
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Tout un poème
... Il boursicote et il s’enflamme, / L’argent des autres le réclame, / Il en fait sa raison suprême ... C’est un bravache, un imbécile Mémoire, clause, codicille, Notaire de sa propre vie, Comptable de ses émotions. Car il se défie des passions, Il domestique...
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Usurpateur
... Et l’on se sent traqué par ce regard fâcheux / Dans l’inconfort de soi brusquement débusqué ... En ce corps avachi il est de l'assurance, Il conquiert, en l'espace, une place importune, Faraud, ce cuistre ardent, là, fort tranquillement, S'épate dans...
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Stase en un ciel béant
... Que sommes nous, sinon qu’une brève envolée, / Poussière agglomérée, stase en un ciel béant ... Je marche chaque jour sur une même écharde. Ma douleur est aigüe mais j’y suis habitué, J’avance sans boiter, je fais bonne figure, Et je donne le change...
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Morne friche
... Au passeur il faudra payer, / Poète, et songe à monnayer / Ton tribut sur ta langue morte ... Orphée implorant Eurydice, Un mot est une cicatrice, La page blanche un Achéron Où veille l’éternel Caron. Au passeur il faudra payer, Poète, et songe à...
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Petit déjeuner
... La fleur jaune des boutons d’or / Blondeur égarée dans le beurre / Qui disait la chanson des prés ... Je léchais consciencieusement, Du bout de ma langue râpeuse, À ma lèvre, mouillée de crème, L’onctueuse moustache blanche. La chaude odeur du lait...
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Baucis sans Philémon
Arthur Rackham (1867-1939) Philémon et Baucis, détail Devant moi, jour à jour, je t’aurai vu vieillir, Jadis, cette promesse nous nous l’étions faite, De ne point nous quitter : l’amour est éternel, Au moins pour les amants dans la fête d’aimer. Certes,...
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Règne
Jean Marie Auguste Jugelet (1805-1874), La vigie de Koat-Ven, détail Découvrir un mystère éploré sous les mots, Gratter, pour l’aviver, l’ancienne cicatrice, Pour délaver ce bleu, dont le ciel nous inonde, Et masque à nos regards l’empreinte spirituelle....
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Poursuite
... J’aborderai tantôt l’ultime monologue, / La poursuite exhibant ma vieillesse en ce corps ... Nota : je programme la publication de ce poème, ce 8 juin 2016, alors que je viens tout juste d'entamer le tome 51 de mes oeuvres incomplètes... Et vogue...
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Un mot pour un autre
... Faut se méfier des mots / Et des choses qu’on dit … Comme il était fâché, Il a pris la porte, Il l’a dégondée Et puis, dévergondé, Avec, s’en est allé. Faut se méfier des mots Et des choses qu’on dit… Maudites parfois, celles qu’on ne pense pas ;...
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Humble charisme
... Ainsi parfois sourit la simple humanité ... « Faut bien battre les œufs, et puis tu mets le sucre, Et tu fouettes bien vite ou la chose est ratée ; N’oublie pas la levure, un parfum de vanille, Ce sera bientôt prêt, fait préchauffer le four… » Nous...
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Pour seul aréopage
Jean-Léon Gérôme (1824-1904), Phryné devant l'Aréopage, 1861, détail Cela suffit, parfois, j’aimerai que tout cesse. Dérisoire pantin tu ne m’amuses plus, Ton commerce chétif, ni tes vains artifices, Ni ce peu qui te sauve à contempler l’éther. Délivre-moi,...
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Dans le vide imparfait
... Il n’est d’autre vertu que la parole impure / Pour trame des jetées où mène cet andain ... Des mots me sont venus que je ne veux écrire, Le chagrin, quelquefois, est mauvais conseiller ; Le poème est le lieu de ma sincérité, Si je ne veux mentir il...