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Vert galant
Rogier Van der Weyden, (1400-1464), Saint Luc dessinant la Madonne, détail J’ai volé, chaque fois que j’ai pu, à l’instant, La trame du poème, esquisse au cœur latent, Charlatan d’infini sous un ciel de misaine, Hauturier enivré de la course lointaine....
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En l’infini, peut-être
Luca della Robia, (1400-1481), portrait d'une dame Tu m’as dit ce secret qui pesait sur ton âme Et je suis resté coi, un instant, interdit, Cherchant le mot, enfin, propre à te consoler, Un viatique où se puisse une sente tracer. Il n’est rien en nos...
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Pataquès
... Mais ne m’écrit donc pas si fort, tu me berce les tympans ! ... Je m’affiche complètement Mais ne m’écrit donc pas si fort, Tu me berce les tympans ! Comme à nous cinq on a dimanche Tel qui s’irrite, ventre hardi, Pardi mardi larde c’est dit ! À l’appeau,...
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À l’an nouveau
Enfant endormi, école française XVIIIe siècle, détail À l’an nouveau des jours anciens, S’il m’en souvient… Mère jadis nous faisait beaux, À l’an nouveau, Et nous dînions chez nos anciens, Parents, cousins. Je haïssais les embrassades Et les rinçades...
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Architecte du vent
Portail occidental de la cathédrale de Chartres, détail Nous ne sommes jamais qu’une somme de hontes Créanciers du réel en ses livres de comptes ; Dans la presse de l’heure affairés de nous-mêmes, Peuplant nos vains esprits de fumeux théorèmes. Voyez...
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Chablis
... Là, dans la solitude, à notre noir démon céder, compromettant notre âme en vain chablis, ... Pourrie par le mensonge où chacun fait sa geste, Notre société crie une muette souffrance, Et le regard vicieux des écrans pleins de peste Etale devant nous...
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Le doute
... Je contemple, en rêvant, la voûte des cieux lourds ... Inutile regard au monde en sa battue Je traîne mon dégoût dans la langueur des jours, Et, poète incertain où la muse s’est tue Je contemple, en rêvant, la voûte des cieux lourds. Sans cesse je...
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Dérives du temps
Je suis cet œil ouvert ... esquissant un sourire ... Je suis cet œil ouvert, attentif aux épures. Mon oreille, aux aguets, entend, dans les murmures Des arbres, des forêts, dans les rumeurs du jour Une essence secrète où s’épanche un séjour. Alors ma...
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Œuvre au rouge
Thomas Wyck (1616-1677), cabinet d’alchimiste, détail Ensommeillé, parfois, jusqu’aux abords du rêve, Je me tiens écarté de la presse du monde, Solaire, alambiqué, taciturne et songeur, À fourailler ma rime aux trilles du concert. Qu’est ce donc que je...
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Pour duper le trépas
Le grand Duduche, par Cabu, (1938-2015) Puisqu’il faut tenter de sourire, Malgré le deuil, malgré le drame, J’élèverai, telle une flamme La remembrance de ton rire. Je plaisanterai ma douleur, En l’outre-larme de mes joies, Jadis, où furent claires voies...
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Potins de basse cours
... Marri, reste marron, Pour cause d’une garce, Le dindon de la farce ... De Didon Ce dicton : Bouches closes Valent cent roses. À nos lèvres laissons Soin de cette leçon... La dinde du dindon, Un don D’Indes, donc, Etait pourtant, dit-on Quel chic,...
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Double solitude
... Nous sommes cet exil, farouche passager de l’espace ... 1. La rue dort, le sol luit. L'ombre sombre d’une ombre, Obscure silhouette, floue, enténébrée, Divague. Elle louvoie au seuil de la pénombre, Sous le cuivre blafard d’une lune empourprée. L'air...
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Funèbres agios
... L’usurier de l’Hadès engrange ses agios ... Au banquet des humains, quand le bal est fini, La vie fait l’addition et la mort nous encaisse Pour solde de tout compte : il n’est point de crédit. L’usurier de l’Hadès engrange ses agios ; Qui remporte...
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Mes sens échansons
Antoine van Dyck (1599-1641), Sanson et Dalila, détail Mais hantés ces chants, sont : messe athée, j’ai cent sons. J’étais sans échanson : il m’a jeté, Samson. Méchant sensé Samson, sont-ce façons ? Cessons ! J’aime Élodie, les mélodies que mêle, Odile...
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Détail
Une vue du camp de concentration nazi du Struthof, près de Natzwiller, en Alsace Il est, prés de chez moi, au fond d’une vallée, Un lieu sombre et venteux où les pins se lamentent. L’enceinte barbelée veille au camp du Struthof Si, des baraquements, abattus...
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Couleurs de la gourmandise
... La tarte de rouge drapée, de confiture, elle est exquise ... Elles sont collantes, sucrées, Les couleurs de la gourmandise ; Ventrues, religieuses glacées, Millefeuilles comme banquise. La tarte de rouge drapée, De confiture, elle est exquise, La...
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Pauvre pêcheur
... Pêcheur plein de remords je prie tel un apôtre. Dès ce soir je ferai acte de contrition ... « Juste entre les deux yeux ! », dit mon père, en riant. Et je ferme les miens... Dans mes doigts, gigotant, L'asticot innocent que je m'en vais, tremblant,...
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Rembrandt
Rembrandt Harmenszoon van Rijn, (1606-1669), Le retour du fils prodigue, détail Peut-on donner sans pardonner ? N’est-ce donc que pardon, un don ? Étrange est la proximité D’un terme en son extrémité. Et qu’est cela que je reçois De celui que mon cœur...
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Un souvenir de vous
... Je vous regardais vivre à quelques pas de moi où vous resplendissiez, fragile jeune fille ... Il est, en ma mémoire, un précieux souvenir, En mon âme l’image n’en saurait ternir ; Rieuse, vous jetiez une mèche frivole, En un geste gracieux, par-dessus...
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Une rose assassinée
... Sur le morne bitume habillé de grisaille, une rose écrasée, qu’une foule décime ... La neige avait péri sous le sel et la boue : Délétère, en l’orée, l’homme en fait un magma Aux froidures d’hiver, qui patauge en son crime, Là, dans ce meurtre affreux,...
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Froidures
... Épouvantail en robe blanche, Aussi lunaire qu’un Pierrot ... Quand l’hiver mouche leur dédain, Ployant l’échine des forêts, Les bouleaux font la révérence, Leur cime affleurant le coteau. Tout est pur comme le cristal Aux froidures du jour venteux...
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Corolle
Auguste Rodin, (1840-1917), le baiser Laisse-moi donc cueillir un baiser à ta lèvre, Comme en fraude on dérobe, folle farandole, Des filles en bouquets, ris pour parer sa quête. Farouche ne soit donc, puisque tu es coquette Et me dit l’embellie que j’implore,...
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Jadis
Floue et surexposée, comme le souvenir... Tu appelles, je sais, toujours mon cœur attend, Il t’entend chaque jour, malgré le poids des ans, Petite fée, jadis, évadée dans le temps. L’illusion de ta voix, calme au chevet du vent, Délavée par les pluies,...
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Pilate
... Nul ne vient le bercer, pour lui, pas de chanson ... Aux pieds des murs d’argent de notre métropole, Mendiant sa triste vie, un tout petit enfant Crasseux, dépenaillé, prostitué, battu S’endort sur un trottoir en un lit de carton. Nul ne vient le...
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À l’usurière
Moret sur Loing, Maison Raccolet, L'usurier Parce que vivre est une dette Il nous faut nous en acquitter, Chaque jour, devant sa recette, Son huissier veille en vanité. Chaque instant de félicité, L’enfance heureuse dans sa fête, Vermeil, en sa maturité,...