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Suées de l’amertume
... En nos brisants, toujours, délavés par l’écume, les marées vont frapper, comme un fer sur l’enclume ... Je sais des soirs anciens, dont la ventée s’embrum e,Où le volet qui bat rythme de contredansesL’ennui qui s’en revient, de ses mornes cadences,Déposer...
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Le palanquin
Katsushika Hokusai, (1760-1849), Hodogaya sur la route de Tokaido, détail Mes reins, ce soir, tassés d’une bonne fatigue, Alourdies du labeur, mes cuisses sont nouées Et puis mes yeux cavés, humbles face travail, Dans la fierté du faire en l’effort consenti....
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Projets d’avenirs
... Tu me parles d’enfant, c’est chose naturelle. / Es-tu certain pourtant ? Mais non, point de querelle ! ... Un lien ténu se rompt lorsque l’enfant, grandi,Quitte sa parenté pour déserter le nid.Car, certes, tout commence, hors du regard qui jugeEt...
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En ma douceur posthume
... N’existe un seul volume / Du poète bilieux / Qui frappe son enclume ... Je tente un pas de deuxAu mitan de ma plume.Allons ! Je suis joyeuxEn ma douceur posthume, Il tremble dans mes yeuxL’éclat dont je m’exhume,Partenaire des cieuxQue n’habille la...
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Carnet à spirale
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), L'inspiration, détail Un peu partout, toujours, le poète griffonne,Il a de quoi écrire : un carnet à spirale,Au bout des feuilles, coins, qu’il rature à la hâte,Debout, le plus souvent, accoudé au hasard. Voyez-le donc...
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Quand l’étoile se flingue
... Où l’outarde m’en dit, si l’effendi se farde on tarde à l’incendie ... Je réponds à la pelle À l’appel du répons, Dont le renom d’icelle À la selle, crénom, Mendie à l’incartade Où l’outarde m’en dit : Si l’effendi se farde On tarde à l’incendie....
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Impossible rime
... Mais Terpsichore fait la moue ... J’ai compris ce qu’il faut pour être reconnu :C’est le football, enfin, en poète inspiré,Que je dois désormais servir en cette rime. Las, je n’y connais rien ! Que dire en l’heure prime,Des artistes du pied et du...
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En la sentence d’un poème
... Je requiers la peine trompeuse / En la sentence d’un poème ... J’ai fait le tour de ma question,Il me suffit, c’en est assez,Je refuse procurationÀ ce vil cœur cadenassé. Je m’en vais tantôt l’assignerÀ comparaître en mes assises,Il lui faudra se...
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Hyménée
Marc Chagall (1887-1985) | Hyménée, d'après Daphnis et Chloé, détail Ah, dépasser, enfin, ce peu de glaise mortePour franchir le virtuel, comme s’ouvre une porte,En ce limon fertile ou passe l’existence,Au reflux du hasard trouver la connivence. Aimer,...
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Portraits croisés
... Ce moutard de quinze ans ... Que voit-il ?... un vieux con mal luné ... et qui le scrute, envieux ... Ce petit con maussade assis là, face à moi,Qui me toise de haut, d’une moue méprisante,Le col ouvert en grand, la doudoune seyante,Tête ceinte d’un...
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Qui m’écale
... Qui m’écale donne du fruit ... Cancer est entré dans ma vie Et, sans doute, il m’en sortira, La joie de vivre m’est ravie, Je suis celui qui se nuira. On ne saurait rompre à demi, Je me débusque en cet assaut, Haro, haro sur l’ennemi C’est l’agonie,...
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Vague à l’âme
Katsushika Hokusai, (1760-1849), la Grande Vague de Kanagawa (1831) Parfois la sombre humeur me prend,Vogue la vague au vague à l'âme ;Parfois la sombre humeur m'entame,Vaquent les jours au fil du temps. Même aux beaux jours, même au printemps ;Même aux...
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À cueillir l’humble fleur
... Aussi, amis, bruissons d’une bonne faconde ... Nous avons un instant déposé le fardeau,Et, dans le vif argent de l’amitié vermeille,Recuit notre labeur pour en faire une offrande,Hors l’œil spéculateur qui nous veut similaires. Les orpailleurs du...
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L’alcool de notre joie
... Ce qui donne à aimer tout à la fois nous nuit, / L’alcool de notre joie fourbit ce délirium ... Au silence des cieux où notre cœur péroreIl est une agonie inscrite en chaque jour ;Au glas de nos poitrines le temps fait sa gigue,Où l’œil rond de l’horloge...
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La petite fille au cartable
... Auprès du passage à niveau, / Je vis un ange s’envoler, / Avec un air triste et serein ... Elle habitait près de chez moiLa petite fille au cartable.Quand nous passions la voie ferréeMes yeux se perdaient dans les siens, - Cela arrive aux collégiens.J'aimais...
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Où l’étoile dérive
Lewis Wickes Hine (1874-1940), Le travail des enfants aux États-Unis, années 1900 Le sublime, parfois, en nous, trouve une obole. Le plus humble est saisit de l’aube au point du jour, Ou, dans le crépuscule, en sa rumeur sanglante, Trouve, au-delà du...
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Un phare en ma nuit
... « Si je cours assez vite, elle m’attrap’ra pas ! » ... D’un tel, en apprenant qu’il avait « calanché »,Tu disais, un éclat luisant dans le regard,« L’andouille ! C'est qu'il a oublié d’respirer ! » Hâbleur devant la mort, je pense à toi, papa,Qui...
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Catachrèse
Ne point confondre « catachrèse », « catéchèse » ou carte et chaises … Le trois du trois deux mille treize, Au quantième de ce jour-là, À sang et eau, diaphorèse, Mon vers à cette rime ourla. Poètes, êtes cestuy-là, Oh, vils manieurs de diérèse, Qui au...
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Bégueule
... Laisse un peu la misère aboyer dans son coin, pendant que nous boirons en beuglant nos refrains ! ... Chante nous quelque chose, allons, vieux camarade,Laisse un peu la misère, accrochée à nos basques,Aboyer dans son coin, solitaire, à la lunePendant...
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Éternels retours
... Du verbe exact où je m’entête, / J’attends maints éternels retours ... Les mots, leurs maux, sont mes contours,La forme floue de ma disette,Je vais, je veille, je m’arrêteOù je distingue leurs atours. Et dans la foule, vain arpète,Aux vagues lumières...
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Quinte essence
Un graffiti, quai Saint-Etienne à Strabourg, contemporain de l'écriture de ce poème... Je m'en allais, rêvant, comme à l'accoutumée, Par les rues adoucies d'un printemps trop précoce Et qui surprend, soudain, à l’heure de midi, Le promeneur frileux –...
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Passants d’éternité
... Passants d’éternité, écrus vers ces lueurs / Superbes d’impudeur et graves sur la terre ... Allez viens t’en quérir à ma bouche incertaineCe mot que tu disais dans les ravissementsDans le mourant soupir où la chair se consoleEt consomme sa mue dessous...
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Comme l’ondée qui bruit
... À soi, ‒ seulement soi, cette douleur exsangue / Et ce cri contenu qui perle sur la langue ... Dans la salle d’attente, et une fois encor, Je m’en viens rapporter tous les maux de ce corps, Certains qu’ici j’exhibe et d’autres que je cache, ‒ La camarde...
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Néon
Marcel Gromaire (1892-1971) La guerre, détail Le bavard, désormais, remplace le penseur, L’humanité distraite vaque à son labeur Et, partout oppressée, s’arrange du licol, Du joug sur son échine à lui meurtrir le col. Agrippé vainement aux machines à...
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Bouquinistes
Albert Hartweg, Trésors cachés, aquarelle Sur les étals branlants où sont pages jaunies,Empilements bancals de stances et de proses,Il est un grand silence au milieu de la fouleQui passe et déambule en la presse des villes. Dorment en ces feuillets des...