Le cabestan

Publié le par Lionel Droitecour

L'épave, aquarelle de Martine Laforce

L'épave, aquarelle de Martine Laforce

Je ne suis après tout qu’une simple hypothèse,
De moi même le jeu, le pion et la synthèse,
Stratège sans armée de ma propre parade,
Navire à l’ancre, aussi, oublié en sa rade.

Naguère j’ai connu les émois des grands larges,
J’ai tiré sur l’amarre, hautain parmi les barges,
Et rêvé d’un voyage en l’océan possible,
Soulevé d’une houle, alors, presque invincible.

Mais les vents ont péris aux marées ajoutées
Jour à jour au gréement ; désormais déboutées
Les lames ne m’atteignent, lors, agonisantes,
Que pour corrompre mes élingues pourrissantes.

Mes voiles défroquées n’agrippent plus la brise,
Sinon que pour claquer, injure à l’aube grise,
Et maudire un peu plus le parjure du temps,
Au crachin qui roussit l’ancre et le cabestan.

Je n’aurai même pas l’honneur de la déroute,
Lorsque qu’une vague morte aura crevé ma soute,
Plutôt que le naufrage aux croisées des hauts-fonds,
Je serai ce gisant envasé aux limons.

Et pillé peu à peu de la proue à la poupe
Mon étrave perdue promise à la découpe ;
Enfin, noyée d’embruns, toute ma conjecture
Ne sera plus qu’un lieu sans coque ni mâture.

Quelque mollusque enfin en l’épave morbide,
Ira chercher refuge en ma membrure vide,
Jusque en ce jour prochain, où, stance diluée,
Je ne serai plus rien, onde sous la nuée.

avril 2012

Publié dans Marine

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A
" Mais, t'es fort en métaphore où tu met ton phare tellement que tu es brillant, mon cher.<br /> Et si tu met ton fard, arme ton fortin. Fortiche, l'Avis"<br /> Merci, mon ami, ça confirme ce que me disent souvent mes collègues, je brille... par mon absence ! :-D<br /> En tout cas si j'en crois les poèmes de ton magnifique recueil sur la Camarde, et je suis fort tenté de le faire, je ne serai très probablement pas "l'Avis sans fin" !
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A
Beau poème et belle métaphore - enfin si je maîtrise la définition du mot, ce qui n'est pas certain ! :-)
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L
Mais, t'es fort en métaphore où tu met ton phare tellement que tu es brillant, mon cher.<br /> Et si tu met ton fard, arme ton fortin.<br /> Fortiche, l'Avis.