Baume

Publié le par Lionel Droitecour

Francisco Goya, (1748-1828), Le Sabbat des sorcières (El Aquelarre), détail

Francisco Goya, (1748-1828), Le Sabbat des sorcières (El Aquelarre), détail

Vagabonde, mon âme, au chevet de l’oubli ;
Je ne veux point, encor, des mémoires du jour,
Ni de la nostalgie poisseuse qui s’y tient
Et tend son embuscade au cœur, qui se souvient.

Je veux taire à l’ego, qu’une âme en vain questionne,
La couleur et le goût du temps qui nous façonne,
Et nos corps crucifiés par ce monstre au pas lourd
Où claque à son tempo, l’horloge, en chaque pli.

Ce pleutre prend son aise au creux de nos visages
Et trace, ride à ride une caricature
Où la jeunesse fut, flétrie par ses pinceaux.

Il s’en rit, ce goujat, de ce fard sur nos peaux,
Étalé en grand deuil pour gommer son injure,
Baume et fiel sur nos vies talées de ses ouvrages.

juin 2007

 

Publié dans Le temps

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