À une jeune voile

Joseph Mallord William Turner, le "Sol di Venezia", 1843

C’est un jeune garçon, à peine adolescent,
Frimeur et petit mec perdu en ses vêtures,
Hâbleur et sûr de lui, malgré son air gracile,
Homoncule blasé qui ordonne son monde.

La jeunesse est un don qui dure une seconde,
Le seul que fait la vie en un bref codicille,
Avant de le reprendre, à quelques encablures
Dès la rive quittée, quand l’abîme descend.

On navigue au long cours, sur l’onde, solitaire,
Emporté par la vague et poussé par le vent,
Evadé pour toujours de la baie de l’enfance.

Et l’on s’émeut, parfois d’une voile en partance,
Dont la grâce nous touche, ainsi, à contrevent,
Quand l’âge étreint, au soir, notre rime insulaire.

mai 2013