La dîme

Publié le par Lionel Droitecour

Pierre Paul Rubens (1613-1616) Sénèque mourant, détail

Pierre Paul Rubens (1613-1616) Sénèque mourant, détail

N’oublie rien de cela, c’est ta seule vertu,
C’est ta seule défense en ce charroi du monde
Où tout, s’éparpillant, se perd et puis s’émonde
À ta lèvre laissant ces mots « t’en souviens-tu » ?

Même si nostalgie n’est qu’un sage envieux
Qui promène un mensonge ampoulé à nos yeux,
Ses fragrances, souvent, fortes comme des lieux ;
Hier nous illumine, ainsi, dans le soir vieux.

Ami, ta solitude à chaque jour grandit,
Et ta moire s’écale en vaguant sous l’azur.
L’âge autour de nos vies, patient, construit son mur :
Mémoire n’est jamais qu’un songe qu’on brandit.

Aussi, garde pour toi ce ressort de l’intime.
C'est là, en ce remords, élancement, parfois,
(Amer ou bien serein ou les deux à la fois),
Qu’une âme en vain blessée, enfin, perçoit sa dîme.

juillet 2013

 

Publié dans Nostalgie, Souvenirs

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