La dîme
N’oublie rien de cela, c’est ta seule vertu,
C’est ta seule défense en ce charroi du monde
Où tout, s’éparpillant, se perd et puis s’émonde
À ta lèvre laissant ces mots « t’en souviens-tu » ?
Même si nostalgie n’est qu’un sage envieux
Qui promène un mensonge ampoulé à nos yeux,
Ses fragrances, souvent, fortes comme des lieux ;
Hier nous illumine, ainsi, dans le soir vieux.
Ami, ta solitude à chaque jour grandit,
Et ta moire s’écale en vaguant sous l’azur.
L’âge autour de nos vies, patient, construit son mur :
Mémoire n’est jamais qu’un songe qu’on brandit.
Aussi, garde pour toi ce ressort de l’intime.
C'est là, en ce remords, élancement, parfois,
(Amer ou bien serein ou les deux à la fois),
Qu’une âme en vain blessée, enfin, perçoit sa dîme.
juillet 2013