Bonhomme et sa noix
Une noix se défend, tant qu'elle n'est brisée,
De livrer la chair nue de ses cerneaux brillants
À l’enfant qui grignote et croque à belles dents.
Symétrie imparfaite en sphère divisée,
Fermée comme lisière en une bouche close :
« On dirait qu’elle boude ! » Et le gamin charmé,
Farfouille en les tiroirs où il trouve à s’armer
De la pince qui va précipiter la chose.
Et le petit fruit sec attend sa fin prochaine
En la main malhabile enserré à grand peine,
Guettant le craquement qui dira sa défaite.
Lors voici qu’elle cède : éludée, la conquête…
En ses débris pointus, piquant un peu son doigt,
Bonhomme qui picore est heureux comme un roi.
octobre 2006