Disette

Publié le par Lionel Droitecour

... Et peut-être l’oubli pour grimer le destin : / La vie n’est qu’un amer et absurde festin ...

... Et peut-être l’oubli pour grimer le destin : / La vie n’est qu’un amer et absurde festin ...

Mes enfants, disparus dans la fuite du temps,
Adultes devenus au-delà du printemps,
Collections désormais pages en mes albums
Où je cherche, en l’hier, vos sourires de mômes.

Oh, ces doux souvenirs, petits, parmi les fleurs,
Où un câlin, alors, ressuyait tous les pleurs,
Où, le regard levé, curieux de toutes choses,
Mes répons chaque fois, aiguillonnaient vos gloses.

Et puis l’heure du soir au moment du coucher,
Les niches, chatouillis, le nez qu’il faut moucher,
Du corbeau, du renard, une fable qu’on narre
En verlan, pour complaire à la frimousse hilare.

Et tout cela inscrit dans un plus que parfait,
Du moins, au passé simple, où mon cœur se défait.
Jadis, déjà, sur moi grave la nostalgie
En ce tombeau de l’heure acerbe où le mal git.

Hélas je suis rendu au versant de mon âge,
Je n’ai plus d’avenir, si ce n’est qu’un sillage ;
Bientôt, vil radoteur en l’ombre de mémoire ;
En son vain catalogue égrenant son grimoire.

Et peut-être l’oubli pour grimer le destin :
La vie n’est qu’un amer et absurde festin,
Son dessert à l’orée de plaisirs illusoires,
Dont la disette clos chapitre en nos histoires.

juin 2012

 

Publié dans Enfance, Souvenirs

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