Yoyo
On m’appelait « Yoyo » quand j’étais enfançon…
Ce surnom ridicule, escarre en ma mémoire,
Me mettait hors moi lorsque l’on en usait
Pour me faire enrager. Je boudais sans rien dire :
Bien sûr, on me moquait, et il fallait en rire,
Mais quelque chose en moi toujours s’y refusait ;
Confusément inscrit au seuil de mon histoire
Un mystère planait autour de mon prénom.
Et si j’interrogeais : « mais pourquoi donc Lionel ?»
Ma mère se taisait et mon père, penaud,
Se grattait le menton « Ben, je ne sais plus trop… »
Mes frères, inconscients, me défiaient au yoyo,
Saccadant la ficelle où tournoyaient, cruels,
Ma honte, ma colère et mon cœur toujours gros.
novembre 2008