Académie

Publié le par Lionel Droitecour

Académie

Mon ultime ambition serait d’être immortel
- Mais à titre posthume, élevé sans épée,
Sans vote et sans murmure en de vertes nuées,
Assemblées sur vos jours quand je n’y serai plus.

J’y côtoierai, sans honte, en mon verbe inconnu
Le poète oublié, le musicien muet,
Tout un peuple jovial d’âmes inoccupées
À versifier l’éther en un recoin du ciel.

Là, peut-être, qui sait, aux berges sidérales,
Apercevrons parfois, loin de toute imposture,
Un Bach déperruqué rajustant son lorgnon,
Shakespeare dans son Globe en train de rimailler ;

Verlaine dégrisé, Rimbaud dépenaillé ;
Dépendu du gibet maître François Villon,
Ou bien Buonarroti débattant de sculpture
Au cénacle où Rodin et Bernin et Pigalle

Tracent sur nos regards, en de secrets silences,
Cette empreinte fugace où leur art devient rêve.
Si d’aventure alors, parfois, baissant les yeux
Sur ma modicité, leur gloire magnanime

S’amuse d’un sonnet où hasarda ma rime,
Ou qu’un pâle reflet au nuancier des cieux
Un instant, mémorial, brûle au jour qui s’achève
Je me contenterai de ces humbles fragrances.

mars 2009

Publié dans Art poétique

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