Couperets d’ombres
Sous l’œil rond de la lune, en la nuit froide et pâle,
Novembre va blanchir les taillis de l’allée ;
Dense dans l’air gelé, la marche de granit
Coupe une ombre portée, cascade de silence.
Au jardin qui s’étonne en de sombres clartés,
Solitaire, mon pas claque en la pierre roide,
Crisse, hésite, s’arrête et repart, désolé.
Là, dans cet aparté où l’âpre hiver culmine,
Qui pince mon cœur nu, je me perds en buées
À ma lèvre exhalées, surplis de l’amertume.
Et vous, dans cette épure où l’astre est une orée,
Vous êtes le fantôme, en ces lointains songeurs,
D’une absence qui crie dans les couperets d’ombres,
Vers le proche horizon où je guette sans joie.
novembre 2008