Vor deinen Thron

Publié le par Lionel Droitecour

Vor deinen Thron

Manuscrit autographe de l'Art de la fugue, BWV 1080, oeuvre restée inachevée. La mention « Sur cette fugue, où le nom de B.A.C.H. est utilisé en contresujet, s’est éteint l’auteur. » à été rajouté par son fils, Karl Phillip Emmanuel.

Le vieux Bach agonise, il a perdu ses yeux ;
La céleste tribune au chœur mystérieux
Apprête son grand orgue et des anges bientôt
Embrasseront ses mains. Sent-il l’ostinato

Des générations qui vont le célébrer
Et son grand cœur blessé peut-il s’en consoler ?
À quoi songe-t-il donc à deux pas de ce trône
Où l’ultime harmonie de son choral résonne ?

Voit-t-il monter vers lui la cohorte des maîtres,
Buxtehude le vieux, Sagittarius l’ancêtre ;
Peut-il s’imaginer Mozart agenouillé
Parcourant ses Motets, Beethoven à son clavier,

Chopin, Schumann et Liszt, Mendelssohn à ses pieds
Et Saint-Thomas bruissant des Passions retrouvées ?
Et le pli d’amertume à ses lèvres tracé
Face à l’éternité pourra-t-il s’effacer ?

Pour l’heure, en son conseil, le bourgeois prétentieux
Guette la proche fin de ce vieillard bilieux ;
Préparant l’épitaphe en ajustant son col :
« Musicien, si l’on veux, piètre maître d’école ! »

mars 2008

Que Bach, aveugle, ait dicté cette oeuvre ultime sur son lit de mort semble relever de la légende. Mais après tout, un tel créateur mérite bien une légende, n'est-ce pas ?

Publié dans Musique

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