En l’humble reposoir

Publié le par Lionel Droitecour

... Et mon luth constellé n’est pas un soleil noir, / Héritier sans mémoire ...

... Et mon luth constellé n’est pas un soleil noir, / Héritier sans mémoire ...

1.
J’ai ordonné, un peu, les choses alentour,
Certes, je n’aime pas les règles et les lois,
Il me faut du chambard, de la dissolution
Et des feuilles perdues, volantes, retrouvées.

Ainsi pages d’un arbre aux branches soulevées
Bruissent dans leur accord d’une résolution,
Ainsi mon émotion et tous les désarrois,
Dont la ligue achevée dessine mon contour.

Mais ce n’est que cela dans le charroi des jours,
Rien qu’une mélodie tronquée que l’on chantonne,
Simple mélancolie exprimée sans retard,
Recto tono, plaintive, égrenée dans le soir.

De mon rappel intime, absurde, l’ostensoir,
Devant le crépuscule un ultime regard,
Saisie, onde nocturne en son cours monotone,
L’amble où la nostalgie, un peu, bat son rebours.

2.
Et je ferme les yeux pour tenter de la voir,
Transcender par des mots cette forme subtile,
Ici venue à moi sur les pas de la muse
Et qui n’est qu’un reflet où mon âme louvoie.

Je ne suis musicien, sans cesse me fourvoie
Au rythme de la rime où ma faiblesse, intruse,
Pareille à ce limon d’une terre infertile,
Inepte, est travaillée par un levain d’espoir.

Et mon luth constellé n’est pas un soleil noir,
Héritier sans mémoire, à cette étoile morte
Je porte le fardeau du poème oublié
Vers le morne avenir des hommes sans passé.

J’ai failli, je le crains, mon cœur cadenassé,
Est au livre improbable un chœur impublié
La solitude en vain, à mon verbe s’exhorte,
Divinité percluse en l’humble reposoir.

juillet 2013

 

Publié dans Musique

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