Tour de piste
Maigre enfant de la balle,
Tu traines, tu trimballes
Ta malle
Qui brinqueballe.
Où la vie
Te convie
Tu vas, en vis à vis
De chaque humble parvis.
Et tu jongles,
Rubis sur l’ongle,
Tu sautes, contorsionnes
Ton cœur et ta personne.
Lorsque tes mains se tendent,
Réclamant ta prébende,
Digne mendiant des rues,
Nul œil ne te voit plus.
Il faut que tu insistes
Il faut que tu persistes,
Il faut que tu existes :
Encore un tour de piste !
Et, pauvre saltimbanque,
Au charroi de ton manque,
Hélas, tu cabrioles
Sans aucune parole.
Enfant du moindre geste,
Tu n’es qu’un palimpseste,
Et chaque jour efface,
En sa veille, ta trace.
Comme le funambule,
Ainsi, tu déambules,
Un entrechat, un pas,
Pour t’offrir un repas.
Dans la faconde ronde
Où le monde s’émonde,
Une détresse fonde
Un havre en la seconde.
C’est là notre seul bien,
Au champ du quotidien,
Où ne demeure rien
Lorsque le soir survient.
avril 2015