Cabbale
On accouche de soi, un peu, chaque matin
Mais le soir nous défait ; quand s’ordonne la nuit
On cache la déroute où chaque jour l’on fuit
Cet étranger qui passe en un ciel sans destin.
Intervalle, à jamais, aux rives de l’instant
L’homme n’est qu’une image accrochée au réel,
Un vain théâtre d’ombre où le sort est cruel,
Où la cabbale siffle, nous admonestant.
Pressé de toute part à produire un mensonge
On avance sans croire ou sans cesse priant,
Autodafé de soi au doute qui nous ronge.
Puis la panique vient, peu à peu qui s’installe ;
Vieillard aux doigts crochus on va, se reniant,
Jusqu’aux seuils du silence, implacable vestale.
juin 2010