Cabbale

Publié le par Lionel Droitecour

Angelika Kauffmann (1741-1807) Portrait d'une dame en vestale1780

Angelika Kauffmann (1741-1807) Portrait d'une dame en vestale1780

On accouche de soi, un peu, chaque matin
Mais le soir nous défait ; quand s’ordonne la nuit
On cache la déroute où chaque jour l’on fuit
Cet étranger qui passe en un ciel sans destin.

Intervalle, à jamais, aux rives de l’instant
L’homme n’est qu’une image accrochée au réel,
Un vain théâtre d’ombre où le sort est cruel,
Où la cabbale siffle, nous admonestant.

Pressé de toute part à produire un mensonge
On avance sans croire ou sans cesse priant,
Autodafé de soi au doute qui nous ronge.

Puis la panique vient, peu à peu qui s’installe ;
Vieillard aux doigts crochus on va, se reniant,
Jusqu’aux seuils du silence, implacable vestale.

juin 2010

Publié dans Le temps

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