Jacob

Publié le par Lionel Droitecour

Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669), le combat de Jacob et de l'ange

Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669), le combat de Jacob et de l'ange

1.
Je sais la sente obscure où il ne faut aller,
L’étroit passage hideux enchevêtré de ronces
Et l’amer précipice où rugit l’ouragan,
La nuit, quand l’inconscient me tient sous son empire.

Je n’ai d’autre ennemi et suffit à me nuire,
Seul, en mon noir enfer, suis mon propre Satan,
Champs clos de préjugés où mon âme s’engonce,
Je cache en mes envers cette face talée.

Voyez, bien policée, cette ombre respectable,
Ce visage lissé sous des dehors aimables,
Vêtu de quant-à-soi et de bonnes manières.

Elle est dessous son front comme dans sa tanière,
Prédatrice étrangère à son humanité,
Prisonnière en sa propre versatilité.

2.
En ce combat de l’ange, obstinément repris,
Chaque être est le démon de cette part obscure
Et lutte, en sa ténèbre, aux lunaires instances
Où l’astre mort évoque les malédictions.

Pâle reflet solaire, ourlant nos addictions,
Où la nuit vient inscrire, en misérables stances,
Le cauchemar abscond dont le seuil nous emmure,
Nous sommes le jouet d’un songe de l’esprit.

Pareil à ce forçat que la chair détermine,
Nous creusons ce malheur, comme un damné sa mine,
Béance à ciel ouvert habillée d’artifice.

Lors, artefact humain hurlant au sacrifice,
Nous sommes prêt, toujours, à maudire dans l’autre
La faute qu’on déguise, en soi, comme un apôtre.

février 2012

Publié dans Névrose

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