Les tables de la loi

Publié le par Lionel Droitecour

Gustave Doré, (1832-1883), La Bible, Esdras montre la loi de Moïse, détail

Gustave Doré, (1832-1883), La Bible, Esdras montre la loi de Moïse, détail

La raison n’est jamais que celle du plus fort,
Depuis l’aube des temps, prendre est l’unique loi ;
Du loup et de l’agneau, d’Ésope à La Fontaine,
Même crocs, mêmes dents pour l’homme carnassier.

Silex, glaive, épée, bombarde, cuirassier,
Ogive nucléaire et la mort pour rengaine,
La menace, toujours, brandie aux cris d’effroi :
L’ordre est une violence où le droit devient tort.

Le prédateur ainsi prospère dans son antre,
Dépeçant la dépouille, asservie par son vice,
D’un monde tenaillé du vil instinct primal,
Pervertit dans nos cœurs, en haine cannibale.

Sous le discours, alors, renaît, ronde tribale,
Le rite humiliant, en racines du mal,
Où, pour soumettre enfin, au prix de l’artifice,
L’obéissance veule au groupe emplit le ventre.

Et l’on en fait un livre aux murs d’une caverne,
Une table gravée d’un verbe inconnaissable,
Une idole, une église, un dogme économique,
Un lieu pour s’assembler au culte du paraître.

Et tout cela ne sert qu’à se trouver un maître,
Dans le semblable élan d’une foule orgasmique,
Déité, l’uniforme, en l’âme corvéable,
Devient cet idéal où le rustre se berne.

Sans réfléchir, alors, on emboite le pas,
Le penseur en sa toge, aussi le philosophe,
Le savant dans l’étude ou l’oblat dans son temple
Perpétuent ce naufrage où meurt le songe humain.

Ainsi toute injustice est fruit de notre main,
Servitude acceptée pourvu qu’on se ressemble,
Et l’on court vers l’oubli comme une catastrophe,
Assuré, dans ce deuil, d’un ultime repas.

août 2012

Publié dans Citoyen

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A
Bien juste, mon ami, pour nos "maîtres" nous ne sommes guère que du bétail...
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L
Bien juste mon ami, mais que mettre, à ce maître et que répondre à l'avis en ce lavis ?