Passeurs d’ombres
Observe le silence en cet instant fortuit,
Lorsque le verbe manque et lorsque le temps fuit,
Boucles d’inachevé en ce qui n’est pas dit
Aux lèvres délacées, proche, le cœur bondit.
Ce qui se tait, parfois, emporte le discours
Et passe, lien serré, aux abimes des jours,
Comme un gouffre sans nom, sans fond, imprécation,
Comme un limon disert, presque une délation.
Et l’adieu murmuré contient la gerbe intacte,
À peine déflorée, tue, et pourtant donnée
Par les mains du passeur, songe d’éternité.
Ombre au milieu de l’ombre, universalité
Manque empli de distance, instance pardonnée,
Absence, strate lente, stance, dernier acte.
Lionel, 29 août 2010