In memoriam Aylan Kurdi
... L’avenir face contre terre, le sable emplissant ses narines ... n’a plus pour abri qu’un cercueil ...
La guerre a jeté sur les routes
Les exilés, les sans patrie,
Réfugiés de sombre misère,
Noyés d’un rêve assassiné.
Les enfants morts sur une grève,
Sont icônes d’éternité,
L’humanité sans cesse affronte
Un joug sanglant d’iniquité.
Et les médias s’en font des gloses,
Le politique prend des poses,
Mais l’égoïsme enfin triomphe :
L’accueil revêt un uniforme.
Le quant-à-soi ici s’offusque
Arc-bouté sur une frontière,
Avare comme un vain comptable,
Il parle de quota, de chiffres.
L’avenir face contre terre,
Le sable emplissant ses narines
Sa bouche muette au chant de vie,
N’a plus pour abri qu’un cercueil.
Et les bavards, en nos écrans,
Ont la mine de circonstance,
Exhibant leur froide pitié
De bourgeois pleins de suffisance.
Le despote de la Syrie
Protégé par notre inertie
Mène en riant, danse macabre,
Un peuple entier vers le néant.
Et la veule démocratie,
Sans courage en ses assemblées,
S’enferre en de vagues serments,
Corrompue sans art et sans fruit.
septembre 2015