Vers le soir
Ils s’embrassaient pudiquement,
Elle, penchée vers l’homme grand,
Tassé, dans son fauteuil roulant.
Les corps brisés s’aiment encore,
À cœur perdu dans chaque aurore,
Liés au temps qui les dévore.
Ce sont là de vieilles amours,
Echos de très anciens rebours
Dans un présent de fin des jours.
Et, dans d’ineffables silences
Ils battent des mêmes cadences,
Leurs passé pour seules défenses.
Un deuil prochain, toujours, les frôle,
Peu de gestes, nulle parole,
Entre eux s’est figé chaque rôle.
La mort tisse le nœud coulant,
Vers le soir peu à peu migrant
L’amour se meurt, fatalement
août 2015