Urgences et résurgences

Publié le par Lionel Droitecour

Accroche-toi à ta croix ou à ce que tu crois !

Accroche-toi à ta croix ou à ce que tu crois !

Retour à l'hôpital : ainsi les résurgences,
Chronique, mon cancer passe par les urgences...
Tranché au bistouri, naguère, un uretère

Connu le clair séjour qu'enchante la houri.

Quand à mon corps meurtri, blessé par tant d'attente
Au lieu entériné de la douleur latente,
Il lui faut dégorger pareil, hors de la flotte,

Hideuse, ses branchies battant l'air, une lotte.

Toujours recommencer las, ce fatal parcours
Etranger longuement à ces mêmes séjours,
Dire les mêmes mots, chanter la même plainte
Exhaler les soupirs d'une même complainte.

Depuis longtemps perdu l'homme, dans ce couloir
N'est plus qu'une silhouette envellopée de noir,
Inhumaine facette d'un corps sans apparence,
Dissimulé patout où chante l'évidence

Un savoir de goujats nourri l'ombre perverse,
Une gueuserie froide où l'infâme déverse
L'issue de la mort lente appelé à s'incrire
En un corps qui s'émeut, pauvre, à penser au pire.

Ainsi la tragédie n'est pas tant de mourir,
Mais d'être rejetté, mauvais fruit, à pourrir
Sur la claie d'impuissance où rien n'est espérance
Et où ce coeur qui bat n'est que blet ou bien rance.

Voici que roule, encor la meule de Sysiphe,
Il faudra moudre grain sans songer au calife
Mais c'est pour d'autres bras, appelés au festin,
Qui s'imaginent, fols, que ce geste est destin.

septembre 2018

 

Publié dans Fongus

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A
Quel terrible et poignant poème, cher ami, tout y est si bien dit qu'on ressent presque dans sa chair ce terrible endroit, où l'humanité (en tant que qualité) ne survit plus qu'en quelques cœurs qui refusent encore de se soumettre à la froideur des chiffres et des machines...<br /> Ton cœur à toi ne s'y soumettra jamais, les efforts des goujats et de leur "gueuserie froide où l'infâme déverse" seront vains, car ton âme est déjà solidement ancrée à un monde bercé de poésie et de sublime musique, que pourra "l'ombre perverse" devant une telle Lumière ??
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