Parole creuse
Car tout auteur de l’ombre n’est qu’ombre d’auteur
Crier dans un désert d’affreuse solitude,
Est pareil au silencieux seuil de l’hébétude,
Tel un chant qui se perd en un bruit de moteur.
Oyez le pauvre accord du corps pusillanime,
Là, seul en son estrade environnée de vide,
Il n’est qu’un pâle estran dessous un ciel livide,
Une vague au jusant où plus rien ne s’anime.
Rien de plus qu’un ressac en l’océan du dire
Écume dispersée sur l’écueil dévasté
Que l’érosion, bientôt polit comme une moire.
Puis l’abîme parade au défaut de mémoire
Dans la parole creuse ainsi le fruit gâté
D’un verbe infatué que nul ne s’en vient lire.
Lionel, 17 août 2016