Humble prière

Publié le par Lionel Droitecour

... Tu dors désormais sous la pierre, / Grand-mère, et ton manque m’étreint ...

... Tu dors désormais sous la pierre, / Grand-mère, et ton manque m’étreint ...

Ce n’était qu’un courrier de plus,
Les mêmes mots, repris cent fois :
« Chère famille, tout va bien,
Le temps est bon, peu de soucis.

Ici rien de vraiment précis,
La pluie s’en va, le soleil vient,
Je sens ma jambe, quelquefois,
Grand-père ne se lève plus... »

Je lisais, relisais ta lettre
Et, bien souvent, sous mes paupières
Mon âme prenait les traverses,
Et ma pensée, vers, toi, volait.

Tant de distance m’immolait,
Parmi toutes sentes diverses,
Entre les murs et sous les lierres
En tes bras j’aurais voulu être.

Tant de douceur en tes beaux yeux,
Entre tes mains toujours ouvertes,
Et ces rumeurs des jours anciens
Où construire des jours nouveaux.

Les chemins, les rus, les ruisseaux
Se mêlent quand je me souviens
Aux rides de tes mains alertes,
À l’argent de tes blancs cheveux.

Tu dors désormais sous la pierre,
Grand-mère, et ton manque m’étreint,
Mais le son de ta voix m’escorte,
Borne au pays de mes ancêtres.

Il me reste une de tes lettres,
Sa présence me réconforte,
En moi s’éveille un doux refrain,
Des soirs défunts l’humble prière.

Lionel, 22 avril 2015

 

Publié dans Souvenirs

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