Aliénation

Publié le par Lionel Droitecour

Aliénation

Il disait qu’il avait la casquette en béton ;
Précautionneusement mouvant une idée molle,
La paupière bouffie qui, vaguement, sommeille
Alourdies sur un œil qui s’entrouvrait à peine.

Les lendemains de cuite et l’humeur incertaine
Il baignait aux relents ressuyés de la treille
Où il avait, la veille, un peu comme on s’immole,
Sacrifié son désir, sa soif et sa raison.

Dans le noir clair obscur de son âme sans fond,
Divaguant, sans pensée, dans un ciel sans lueur,
En son grand corps inerte il abreuvait, songeur,

Un manque écrit en lui au parvis de l’enfance ;
Béant, comme l’abîme, au seuil de la démence,
Fragrance veule ourlée de sa déréliction.

juin 2006

 

Publié dans Portrait

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