Epidaure
Le temps est une étrange auberge,
Elle bouge et nous demeurons,
De nous-mêmes ce paysage,
Peu à peu saisi par le gel.
En vain attendrons le dégel,
Passager d’un futur naufrage,
Une ride en plus à nos fronts
Nul autre gain en cette berge.
Prisonniers sans cesse vaquons
Devant l’œil torve de l’horloge,
Animés d’une ardeur volage
Et dépensiers de nos instants.
Il faudrait étirer le temps,
La paresse est notre équipage,
Aux cadrans s’il faut qu’on déroge,
Courons sur l’erre et ne souquons.
Dans l’antre vague de Chronos,
Ce monstre lent qui nous dévore,
Il faut n’entrer qu’à pas comptés,
Baguenauder de place en place.
Chaque seconde est une grâce,
Âmes perdues et corps domptés
Nous irons perdre notre aurore
Dans le dédale de Minos.
Libre en l’éternel labyrinthe
L’homme est son propre Minotaure,
Courant dans le charroi des heures
Vers un ultime cul-de-sac.
Vainqueur en ce dernier ressac,
Le temps saisira nos demeures
Ruinant nos temples d’Epidaure
Et nous glaçant sous son étreinte.
1er août 2015