Certitude
Lorsqu'au soir de nos vies, seuls sur un autre seuil,
Nous nous regarderons, décharnés et vieillis,
Le sourire un peu las, la ride au coin de l’œil,
Et nos corps chaque jour, en chaque jour faillis ;
Lorsqu’en la rive intime, habillés d’amertume,
La mémoire n’est plus rien qu’un vaste chagrin,
Avec la nostalgie comme bonheur posthume,
Moisson vaine, germée, dispersée grain à grain ;
Lorsqu’enfin le silence, épuré par l’horloge,
Assiégera l’ennui comme vagues écumes
Où la vague amoindrie murmure et s’interroge ;
Lorsque la maladie, s’arrogeant la substance,
Aura scellé en nous-même ce que nous fûmes,
Je t’aimerai encore, aux berges de l’absence.
10 mai 2005