Au chant de notre déchéance
Le monde autour de moi vieillit,
Autant que moi je prends de l’âge,
Hélas mes songes ont failli,
N’en demeure qu’un assemblage.
Au bric-à-brac qu’est cette vie,
Dans le fouillis de mes défroques,
De brique et de broque construit,
Breloque suis dessous mes loques.
Pavané sous mon oripeau
Au seul soucis du bien paraître,
Je me glisse dans le troupeau
Du pareil au même de l’être.
Sans cesse en sa rive conduit
Je viens boire au regard du maître,
Du spectacle qui m’avilit
Le patron aime à se repaître.
Il me fourre son avanie
De bouffe, de rut et de sexe,
La satiété nous aplanit
Gavant notre désir perplexe.
En sa propre honte réduit,
On avance comme un zombie
Anticipant de notre nuit
La danse de mort qui vrombit.
Dans le charroi de cent moteurs,
Etourdis comme un vain gibier
Par la trompe des grands veneurs
Nous accourons vers le charnier.
Et versé enfin dans la tourbe
Momifié par notre allégeance,
Notre âme dévoyée s’embourbe
Au chant de notre déchéance.
octobre 2013