En cette gare

Publié le par Lionel Droitecour

" ... Son visage, parfois, en mon âme s’arrime ... "

" ... Son visage, parfois, en mon âme s’arrime ... "

Il courait sans arrêt, toujours à quelque affaire
En se donnant des airs. Sourcil froncé, l’œil grave,
Préoccupé, disert, se parlant à lui-même
Et cherchant en son crâne, index sur le front,

Les bribes d’un discours, pareil à Cicéron.
Mais ce n’était jamais qu’un humble stratagème
À son désœuvrement : ce bougre, bon et brave,
Cherchait par aventure quelque chose à faire.

Il est mort un matin, quai cinq, en cette gare.
Percluse d’exister, silhouette anonyme,
Ils se sont dépêchés, d’effacer son absence,

Dépouille mortifère aux heures d’affluence.
Son visage, parfois, en mon âme s’arrime,
Parole, mausolée, rime où mon cœur s’égare.

mai 2007

 

Publié dans Portrait, Souvenirs

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