Dénué de ma chair

Publié le par Lionel Droitecour

... Presque serein, je crois, où m’attire le gouffre, / J’espère en l’agonie de ce mal dont je souffre ...

... Presque serein, je crois, où m’attire le gouffre, / J’espère en l’agonie de ce mal dont je souffre ...

Je n’avais, je le crois, nulle feuille de route,
J’ai marché, droit devant, sans même emplir ma soute.
Nous sommes, comme l’air, au souffle qu’on parcourt,
L’onde sur le feuillage où, souple, le vent court.

J’ai vécu sur ma rive ainsi que vives eaux
S’éclaboussent d’écume en leurs propres ressauts,
J’ai, depuis le torrent et sa verte cascade
Calmé l’écoulement qui mène vers la rade.

Or, me voici rendu au bord des océans,
Et sa vaste étendue m’intimide, céans ;
Il faudra quelque jour que je largue l’amarre,
La nuée me demande où ma voix se dépare.

Ainsi tel cet oiseau que l’azur interpelle
J’attends sur la jetée une route cruelle,
Il est dans mon destin de clore ce détour
Puis de partir, enfin, sans l’espoir du retour.

J’use mon œil, ici, à contempler l’azur,
Moi qui n’ai su bâtir que l’assise d’un mur,
Je vois se lézarder, au champ de l’artifice,
L’indécise aparté de ce morne édifice.

Presque serein, je crois, où m’attire le gouffre,
J’espère en l’agonie de ce mal dont je souffre,
Au moins, dans l’infini, dénué de ma chair,
Anéanti ce dol dont ma voix trouble l’air.

novembre 2013

 

Publié dans Spiritualité

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