La dent de lait
Les visiteurs qui suivent mon blog depuis sa création, le premier mars 2014,
visiteurs qui, de plus, ont de la mémoire, l’auront sans doute remarqué :
c’est la seconde fois que ce poème, « La dent de lait » paraît en ces lieux.
Certes, c’est parce que j’ai un faible pour ce sonnet qui sonne agréablement à mes oreilles.
Il me rappelle avec bonheur le temps heureux de mes enfances.
Celle qui fut mienne, celle de mes petits loupiots, qui m’ont causés tant de joies...
Mais il s'agissait surtout, pour moi, de marquer ainsi le quatrième anniversaire de ce blog.
J'ai donc su tenir la gageure que représente la publication d'un poème quotidien,
chaque jour depuis quatre ans.
Il en reste encore dans ma besace, au moins pour quatre ou cinq années de plus...
Hélas la santé me joue des tours, et ce travail commence à peser de plus en plus lourd sur mes reins. J'essayerai de tenir le rythme, mes amis, mais si jamais quelques trous apparaissaient
ici ou là dans cette trame, veuillez m'en excuser par avance.
Le fongus me tire par la queue et il se pourrait bien ma foi, quelque jour,
que je boite devant ma boîte...
Son pâle et frais visage est assailli d'une ombre,
Et son sourcil se lève à son front qui se plisse.
Il explore sa bouche : un doigt menu dénombre,
n rond, l’émail brillant et lisse.
« Celle du bas remue ! » La petite incisive
En effet se dérobe, et la menotte insiste,
Agaçant la dent blanche oblique en la gencive.
« Elle tombe, tu crois ? » Dit l'enfant qui persiste
Et sent contre sa langue une saveur salée :
Une goutte vermeille a rougi l'ongle rose...
Têtu, le front buté, sa douleur ravalée,
Il pousse, et tire, et presse ; œil fermé, grimaçant,
Et recueille bientôt le nacre pur qu'il pose
Dans le creux de sa main, édenté, triomphant.
septembre 1990