Le sel de mon chagrin
... Je ne veux point penser à ce terme sans nom, / À l’écueil, aux lointains, au brisant d’une lame ...
J’ai commencé ma vie par une parenthèse,
Ouverte depuis lors, elle enserre ma phrase ;
Je ne suis pas pressé, où ma rime s’arase,
De clore ce réduit qu’il faudra que je taise.
De la camarde nue cela sera l’ouvrage,
À moins que maladie, sa rage et son cortège,
Ou la creuse folie vole son privilège
Pour réduire aux abois cette âme qu’elle outrage.
Je ne veux point penser à ce terme sans nom,
À l’écueil, aux lointains, au brisant d’une lame,
À la vague, à l’écume, à l’océan profond.
D’ici là je navigue, essuyant quelques grains
Où mes embruns parfois se mouillent d’une larme,
Et je laisse aux vaisseaux le sel de mes chagrins.
juin 2010