Le sel de mon chagrin

Publié le par Lionel Droitecour

... Je ne veux point penser à ce terme sans nom, / À l’écueil, aux lointains, au brisant d’une lame ...

... Je ne veux point penser à ce terme sans nom, / À l’écueil, aux lointains, au brisant d’une lame ...

J’ai commencé ma vie par une parenthèse,
Ouverte depuis lors, elle enserre ma phrase ;
Je ne suis pas pressé, où ma rime s’arase,
De clore ce réduit qu’il faudra que je taise.

De la camarde nue cela sera l’ouvrage,
À moins que maladie, sa rage et son cortège,
Ou la creuse folie vole son privilège
Pour réduire aux abois cette âme qu’elle outrage.

Je ne veux point penser à ce terme sans nom,
À l’écueil, aux lointains, au brisant d’une lame,
À la vague, à l’écume, à l’océan profond.

D’ici là je navigue, essuyant quelques grains
Où mes embruns parfois se mouillent d’une larme,
Et je laisse aux vaisseaux le sel de mes chagrins.

juin 2010

Publié dans La camarde

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