Mortes eaux
Ce que furent nos jours et l’élan de nos reins ?
Dans la confuse ardeur des années d’apogée,
Sacrifiée dans la presse au vague quotidien,
Notre vague, épandue, a couru sur la grève.
En ce rivage amer l’écume d’un vain rêve
Achève sur le sable, où ne se construit rien,
Son vide d’ambition ; l’âme, comme abrogée
N’est plus qu’une escarbille éparse aux ciels enfreins.
Plage sans finitude aux brassées des marées,
Nous sommes ce fétu qu’apporte l’équinoxe
Et qui repartira, poussée des mortes eaux.
Aux levées de la mer, en moutonnants troupeaux,
L’homme n’est qu’un désir, ivre, hétérodoxe
Pour les déités nues, mornes, désemparées.
mars 2010