Ante mortem
Je vois l’ombre, parfois, au plein cœur de la nuit,
N'est-ce que l’ombre, enfin, ou bien est-ce l’ennui,
Par cette porte étroite où un monde surgit
Qui s'ouvre, cauchemar où nul verbe n'agit ?
Je suis ce spectre hideux dédié à la lune,
Que la lumière fuit et le jour importune,
Et je cèle, aux replis de mon âme grégaire
Les bourbeux oripeaux de ma fange vulgaire.
La corolle, parfois fleurit sur de l’ordure,
Sémaphore je suis d’une vaine imposture,
La morphine est le lieu d'une humble déchéance.
Et pourtant, même ainsi, vivre reste une chance,
Et l’on se sent ému, au jour cadavéreux,
Des solaires éclats mordant un ciel verbeux.
janvier 2012, mai 2017