Déramée
La poésie ainsi devient œuvre virtuelle :
Adieu encre, papier, posture solennelle,
On regarde les mots paître sur un écran,
Troupeau, curieuse estive, pixels noirs sur blanc.
Formatée puis copiée, collée muse confuse…
Imprimer n’est pas éditer, la triste ruse !
Aux champs des feuilles déramées, nos manuscrits
Erreront déprimés, quand même ils sont sans prix.
Au fond de nos tiroirs, reliés, contrecollés
Nos rêves de papier, froissés, sont vanités ;
Cadenassées sont nos pensées en rimes plates.
Elles courent, se carapatent comme blattes
Et nos cafards, névroses ou banalités
À l'abri des non-dits chavirent, immolés.
mai 2010