Le tailleur
Peut-être un rien pervers, ou faussement discret,
Sans doute pour jouer de mon vert désarroi,
Le tailleur avait dit, comme on souffle un secret :
« Jeune homme, portez-vous à gauche, ou bien à droite ? »
Treize ans, le cœur battant, la joue rose et l’œil moite,
Perplexe, ignorant tout de la chose évoquée,
Je bredouillais, confus, plein d’un étrange effroi,
Puis ma vierge candeur se tut, interloquée.
Gêné par ces contacts, entre les mains d’un homme,
Qui mesurait mon corps en pleine puberté,
Crucifié, perdu, j’attendais qu’il termine.
L’âme empourprée autant, je pense, que la mine,
Je ressentais en moi, soudain déconcerté,
Une intense émotion se tendre et prendre forme.
juin 2012