Tout chargé de sa chaine
Un petit oiseau pâle est là, sur le trottoir,
Il trottine sans heurt, sans hâte et sans plaisir ;
Un gros sac sur le dos il s’en va vers l’école
Et tout son corps traduit la peine qu’il y trouve.
J’étais de cette sorte et mon regard le couve,
Ma mémoire à son front s’invite et caracole,
Sa silhouette, là, que mon œil vient saisir
Eveille un souvenir à mon cœur en sautoir.
Je me vois cheminant ainsi vers ma géhenne,
Vers cette cour emplie d’impossible tendresse,
Et l’incompréhensible dureté du monde.
Et quelque chose en moi se dilue et me sonde,
Echo encore intact d’une sourde tristesse,
Comme un morne marmot, tout chargé de sa chaine.
novembre 2012