Ce qui meurt en l’instant

Publié le par Lionel Droitecour

... Une plainte ou un cri, un mouvement grégaire / D’une racine qui jamais ne se libère ...

... Une plainte ou un cri, un mouvement grégaire / D’une racine qui jamais ne se libère ...

Les frondaisons, parfois, bruissent comme la mer
Dans ses embruns, au loin, gémissant sa misère ;
Un grand vent les tourmente en balayant la terre
Chaque feuille, brassée, s’épanche au souffle amer.

Et l’âme s’y épouse en vagues solitaires,
La pensée qui frissonne et tente son enchère
Invente en ce débat un sens à sa jachère,
Et suit le désarroi rugueux des troncs austères.

On se demande si c’est là une colère,
Une protestation contre le sort contraire,
Une plainte ou un cri, un mouvement grégaire
D’une racine qui jamais ne se libère.

On en reste songeur, longuement, sans repère,
Le doute, qui s’accroit en notre sein, prospère
Et l’on se perd en soi, cherchant ce qui espère,
Ou meurt en l’instant qui jamais ne se tempère.

août 2015

Publié dans Sensation

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