Chant d’espérance
Barbares assassins, bardés de certitudes,
Qui venez à nos tables perpétrer vos crimes
Armés, stupides gueux, de vos médiocrités
Qui achèvent, sanglante, à leurs pieds l'innocence ;
Vous qui du nom d'un dieu vous faites une armure,
Médiévale faction, engoncée dans le mal,
Qui annone un coran perverti d'idéal
Pour mieux en ignorer le message de paix ;
Vous mitrailleurs sans gloire esclaves de vos dires,
Guerriers d'Apocalypse abominant la joie,
Qui rêvez d'une terre empuantie de meurtre
Et d'un monde de fer écrasé sous vos lois ;
Je vous honnis, marauds, par le nom de Villon,
De Ronsard, Du Bellay et de Clément Marot,
D'Agrippa d'Aubigné et de Louise Labé,
Par les noms de Corneille, et Racine, et Molière ;
Je vous maudis, faquins aux mânes de Voltaire,
De Rousseau, Diderot et de ceux des Lumières,
Du père d'Athalie, de mon grand père Hugo,
Je vous hais dans la plainte ardente de Valmore ;
Je sais votre défaite en Charles Baudelaire,
Aux violons de Verlaine, aussi d’Arthur Rimbaud,
Dans la stance acérée de Prosper Mérimée
Et par ce toit tranquille où marchent des colombes ;
Et je vous sais vaincus par la voix d'Aragon,
Par la folie d'Artaud en celle de Van Gogh,
De par ce nom écrit par la main d'Eluard
Au cahier d'écolier que brandit René Char ;
Et de tant d'autres noms dont vous ignorez tout,
Mercenaires promis au rêve d'une idole,
Zélateurs de la mort dont vous vous prévalez,
Ouvreuse d'un Eden au relents de mirage ;
Mais plus encore au nom et prénoms de mon père,
Maquisard de vingt ans aux pentes de la Creuse,
Qui tendait l'embuscade aux convois allemands
Car il se voulait libre en son propre pays.
Votre guerre est perdue, imbéciles satrapes,
Vous êtes l'idolâtre berger d'illusion
Qui a vendu son âme au fourrier d'un mensonge
Enturbanné de foi comme tourbe grégaire.
Il est trois mots inscrits aux frontons de la France,
Levains de notre histoire et de notre mémoire,
Nul besoin de citer la devise commune,
Il faut la conjuguer au chant de l’espérance.
17 novembre 2015