Fleur de bas étage

Publié le par Lionel Droitecour

Sandro Botticelli, (1445-1510), La Calomnie d'Apelle, détail

Sandro Botticelli, (1445-1510), La Calomnie d'Apelle, détail

1.
J’ai un compte à régler avec une putain.
Sans doute qu’elle n’a jamais fait de son cul
L’impécunieux commerce. Elle est pute de bouche,
De par la calomnie et le venin de cours.

J’insulte, au demeurant, si je tiens ce discours,
La vipère en son nid, et même, sur sa couche,
La fière courtisane au désir invaincu,
Et même le langage, ce miroir sans tain.

Car c’est une raclure, une âme sans courage
Qui se cache pour vendre un fruit de délation,
La pourriture même du cancer humain.

Et ce chancre hideux prospèrera demain
Aux basques du puissant, aimant la corruption,
Qui flatte vilement la fleur de bas étage.

2.
Je la dénonce ici en mon secret verbiage,
Car elle m’a blessé, sans nulle interruption,
En gagnant ma confiance et me tenant la main.

J’ai donné sans compter, partageant son chemin,
Offert mon enthousiasme, mon inspiration,
Dont elle s’est parée, comme son propre ouvrage.

On me l’a rapporté le dol en est certain,
De sa noirceur ainsi, je me suis convaincu,
Traitresse qui flétrit, en tout ce qu’elle touche,
Le beau, le noble sans plus nul autre recours.

Médisance en son sein se sasse en son concours,
Avec la perfidie où son âme s’abouche,
Et toute sa pensée n’est qu’envie et calcul :
J’ai un compte à régler avec cette putain.

juin 2015

Publié dans Portrait

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A
"Et puisqu’il me reste quelques amitiés solides, dont la tienne, c’est sans doute que l’investissement à porté ses fruits.<br /> N’est-il pas ?"<br /> <br /> Absolutely, comme diraient nos amis d'outre-Manche ! <br /> Il n'est en effet nul besoin de s'encombrer de relations frustrantes voire destructrices, l'essentiel étant de ne point garder de rancœur au fond de soi, cette dernière n'étant finalement nocive que pour nous-mêmes.
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F
une brebis égarée
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A
Bigre, voilà un portrait au vitriol !<br /> <br /> Je ne sais s'il s'adresse à un vice en général ou une personne en particulier, dans ce dernier cas il est intéressant de méditer (comme tant de tes beaux poèmes nous y invitent) sur ce que sont en réalité les relations humaines...<br /> <br /> Il est clair pour moi qu'elles sont non seulement superficielles mais quasiment inexistantes, car nous vivons la plupart du temps dans un monde intérieur qui nous est propre, et sommes (presque) uniquement en relation avec des images qu'à créé notre mental.<br /> <br /> La preuve en est très facilement donnée par le fait que parfois un simple incident relationnel voire une simple information suffit à changer totalement notre point de vue sur autrui.<br /> L'exemple classique : nous aimons bien quelqu'un, un proche ou un collègue par exemple, nous avons une haute opinion de lui, qui se confirme au fil du temps.<br /> Puis un jour on nous rapporte un acte ou des paroles de ce proche, ou ce dernier a envers nous une réaction qui nous surprend ou nous indispose, instantanément l'image que nous avons de lui va changer, semant le doute quant à sa nature véritable ou passant carrément de l'amitié (ou l'amour) à l'indifférence, l'hostilité ou même la haine.<br /> <br /> En un instant !<br /> <br /> La personne est la même qu'avant, elle n'a pas changé, c'est juste l'image virtuelle avec laquelle nous sommes en relation qui a changé, nous l'avons "reprogrammée" et c'est ainsi qu'une minute peut suffire parfois à anéantir des mois ou années de vécu positif... C'est totalement absurde !<br /> Il y bien sûr des exceptions, mais elles sont rares, et (presque) tout le monde fonctionne comme ça et appelle ça des "relations humaines"...<br /> <br /> Moi j'appelle ça une pièce de théâtre dont nous sommes l'acteur principal - ça nous le savons - mais aussi le metteur en scène, ça nous l'ignorons la plupart du temps...<br /> <br /> C'était juste une petite réflexion sans doute hors sujet qui n'enlève rien à la force de ton poème ! :-)
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L
Ce poème à été composé en remembrance d’une personne en particulier (basse vengeance, donc) mais également au vice en général, avec une mise en miroir ( et j’espère en abyme ) particulièrement soignée, en terme de travail littéraire, bien sûr.<br /> Pour le reste, je ne me prononcerai pas, quoiqu’ayant une sympathie naturelle (et quelque peu partiale, sans doute) pour ma propre personne d’auteur...<br /> Quant au reste de ton commentaire, il me parait, hélas, assez juste, ayant moi-même été confronté à de cruelle déception à cet égard.<br /> Ceci dit, je préfère néanmoins donner ma confiance sans réserve, tant pis pour ceux qui ne la méritent pas. Ils n’auront jamais l’occasion de la trahir qu’une seule fois. Après je cesse tout commerce.<br /> La poésie me permettant par ailleurs de me libérer à postériori.<br /> Et puisqu’il me reste quelques amitiés solides, dont la tienne, c’est sans doute que l’investissement à porté ses fruits.<br /> N’est-il pas ?
L
Un venin trés bien vu, trés bien pensé et exprimé ...
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