Fleur de bas étage
1.
J’ai un compte à régler avec une putain.
Sans doute qu’elle n’a jamais fait de son cul
L’impécunieux commerce. Elle est pute de bouche,
De par la calomnie et le venin de cours.
J’insulte, au demeurant, si je tiens ce discours,
La vipère en son nid, et même, sur sa couche,
La fière courtisane au désir invaincu,
Et même le langage, ce miroir sans tain.
Car c’est une raclure, une âme sans courage
Qui se cache pour vendre un fruit de délation,
La pourriture même du cancer humain.
Et ce chancre hideux prospèrera demain
Aux basques du puissant, aimant la corruption,
Qui flatte vilement la fleur de bas étage.
2.
Je la dénonce ici en mon secret verbiage,
Car elle m’a blessé, sans nulle interruption,
En gagnant ma confiance et me tenant la main.
J’ai donné sans compter, partageant son chemin,
Offert mon enthousiasme, mon inspiration,
Dont elle s’est parée, comme son propre ouvrage.
On me l’a rapporté le dol en est certain,
De sa noirceur ainsi, je me suis convaincu,
Traitresse qui flétrit, en tout ce qu’elle touche,
Le beau, le noble sans plus nul autre recours.
Médisance en son sein se sasse en son concours,
Avec la perfidie où son âme s’abouche,
Et toute sa pensée n’est qu’envie et calcul :
J’ai un compte à régler avec cette putain.
juin 2015