Le vélo de mon père

Publié le par Lionel Droitecour

... Et je n’ai jamais su, les mains sur le guidon, assis à l’amazone en la roideur du cadre ...

... Et je n’ai jamais su, les mains sur le guidon, assis à l’amazone en la roideur du cadre ...

Le vélo de mon père était robuste et noir.
Il avait bourlingué par les rues de la ville,
Promenant ma frimousse en la vaste carriole
Qu’il attelait, bonhomme, au crochet sous la selle.

Il achetait son vin en vrac, à l’entrepôt
Où je l’accompagnais, parfois, gentil marmot
Qui s’étonnait de tout en entendant les hommes
Plaisanter à grand bruit, bavards, devant les fûts.

Il menait avec lui la bombonne pansue,
Verre vêtue d’osier, qu’un gros bouchon de liège
Habillé d’un chiffon fermait. Tendre moustique,
Innocent et rêveur au milieu des barriques

Le nez pris, entêté par l’odeur des vinasses,
Je riais avec eux qui goûtaient de concert
Ces petits vins de table « Eh, ma foi, ils sont bons ! »
Et puis l’on revenait, joyeux, cahin-caha

Mon père pédalait, en danseuse, debout
Pour surmonter l’affront d’un petit raidillon
Et je n’ai jamais su, les mains sur le guidon,
Assis à l’amazone en la roideur du cadre,

Si c’était le surpoids du vin dans la bombonne,
Ma petite personne entre ses bras nerveux,
La côte ou bien encor quelque mystère étrange
Qui faisait que, parfois, nous n’allions plus très droit.

août 2006

Publié dans Souvenirs

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A
Merci à Luma pour ces beaux souvenirs, Schillik - Reichshoffen à trois sur un solex, quelle expédition, surtout dans les montées ! :-)<br /> Moi j'avais hérité de la mobylette de mon grand-père, malheureusement sans le moteur, elle était très lourde à manipuler et à faire avancer mais très confortable avec sa selle rembourrée et ses amortisseurs... Au fond j'en étais assez fier !
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A
"C'est la raison d'être de ces poèmes où je cherche à redonner vie à des ombres chères."<br /> <br /> Des ombres chères qui sont autant de Lumières qui viennent éclairer ton chemin... et celui de tes lecteurs !
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L
Ma chère Luma,<br /> J'ai aussi, quoique plus âgé, roulé sur un Solex, moyen de locomotion que je trouvais génial, pour les trajets en ville.<br /> Jusqu'au jour où j'ai eu l'idée de rouler avec par temps de neige à la nuit tombée.<br /> J'ai également pas mal de souvenirs amusant avec cette pétaradante pétrolette. Cela sera peut-être l'occasion d'un poème, un de ces jours prochains...
L
En te lisant, je m'y croyais aussi sur ce vélo…Ton texte est vivant et très imagé.<br /> <br /> Et, pour faire écho à l'Avisferrum et à ton commentaire , je me suis souvenue, que nous, mes 3 frères et sœurs et moi étions installés sur 2 solex, un à l'avant sur une selle spécialement rajoutée et installée par mon père, l'autre à l'arrière...<br /> Les ainés avec papa et les 2 plus jeunes avec maman...<br /> <br /> Nous faisions des Km..., Schilik, Reichshoffen, pour aller voir le pépère et la mémère, Schilik, la forêt de Brumath pour cueillir du muguet le 1er Mai. Je me rappelle très bien aussi du trajet désagréable sur les pavés assise à l'arrière du solex de mon père pour aller voir ma sœur qui venait de naître à la maternité de Strasbourg ....<br /> Plus, tard lorsque les 2 ainés (Luma et son frère cadet) étaient plus grands, nous étions trimbalés sur les routes dans une simple remorque derrière le solex .., l’ambiance était alors très tendue par peur du flic… !?<br /> <br /> <br /> Saoul-venir, saoul-venir !
A
J'adore ces poèmes qui font revivre tes souvenirs d'enfance et nous font partager ces moments parfois de joie, parfois de tristesse mais toujours avec candeur, amour... et humour !<br /> Les moments de complicité avec ton père me parlent tout particulièrement, moi qui n'en ai quasiment pas connus, du coup j'en ai aussi grâce à toi... et t'en remercie ! ;-)
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L
Merci mon ami !<br /> C'est la raison d'être de ces poèmes où je cherche à redonner vie à des ombres chères.<br /> Partager des instants perdus dans ma propre histoire, mais si vifs dans ma mémoire, en espérant qu'ils suscitent des échos en ceux qui me lisent.
L
Génial ce "poème souvenir" ,plein d'humour coquin ..<br /> <br /> "Si c’était le surpoids du vin dans la bombonne,<br /> Ma petite personne entre ses bras nerveux,<br /> La côte ou bien encor quelque mystère étrange<br /> Qui faisait que, parfois, nous n’allions plus très droit."<br /> <br /> En route gaiement , quelque soit le poids ...!
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