Dieux oubliés
Ce que me dit la mer, quand je viens à ses berges
Est une infinitude où les mots sont absents.
J’entends le sourd ressac où la vague s’épanche ;
Contemple, en les lointains où l’horizon se fond
Dans l’azur incertain, un mouvement profond,
Qui meurt, au lent roulis de son écume blanche.
J’écoute le silence en ses proches accents,
Comme, en la nef obscure ou s’égouttent les cierges,
S’invente une prière aux arcanes laïques.
Barbares sont les dieux en leur Olympe amer,
Les idoles, les saints au verbe statufié.
Ils errent aux éthers où l’air est raréfié,
Leurs larmes délavant les embruns de la mer,
Muets, abandonnés, ineffables, stoïques.
août 2004