Baladin du ciel
Dissoudre enfin ma peine en cette onde mystique
Où bée, sur ma paupière, un don surnaturel ;
Pencher mon âme nue vers ces ailleurs possibles
En l’essence inconnue où s’invente mon verbe.
Oh, qu’il me soit donné de rencontrer ce doute,
Que, dans l’infinitude où l’aurore s’inscrit,
Perdure pour jamais cette ultime question
Qui palpite en nos vies au secret de la chair.
Irrigué par le sang d’un désir surhumain
Au chant de l’inconnu qui fait notre musique,
Fragment de l’infini accroché à ses peurs,
L’homme tragique naît offert aux solitudes.
Et dans l’âpre désert où sa pensée culmine,
Au milieu de la foule il est cet étranger,
Ce passeur d’espérance et ce poète inquiet,
Des prémices témoin, qui rit dans les clartés.
Mercenaire du jour où il boit sa jouvence
Pour en porter le fruit aux berges de l’extase,
Il cueille l’improbable et s’en fait un discours.
Et, dans la nuit venue, qu’il peuple de chimères,
Irréel baladin des obscurités froides,
Il jette, modulé, le cri de sa souffrance,
Arpège en l’univers tout traversé d’échos
Ou bat notre misère au cœur des astres morts.
décembre 2006