Une rose assassinée
La neige avait péri sous le sel et la boue :
Délétère, en l’orée, l’homme en fait un magma
Aux froidures d’hiver, qui patauge en son crime,
Là, dans ce meurtre affreux, comme aux champs de bataille.
Sur le morne bitume habillé de grisaille,
Une rose écrasée, qu’une foule décime,
D’une tâche sanglante embaume ce trépas.
Et la gente s’oppresse où sa presse la noue,
Battant et rebattant cette forme chétive
Qui bientôt disparait, ignorée des regards :
Et meurent sous l’azur sa grâce et son parfum.
Seul un poète amer, témoin de cette fin,
Couche en un mausolée de rimes en miroir
Sa robe assassinée dans l’onde convulsive.
janvier 2007