Télé Réalité

Publié le par Lionel Droitecour

... Il est l’heure manant, allume ta télé : tu y verras la vie comme il faut qu’elle soit ...

... Il est l’heure manant, allume ta télé : tu y verras la vie comme il faut qu’elle soit ...

De nouveaux histrions produisent à grands frais
L’amusement des peuples, la publicité,
Généreuse marâtre aux poches toujours pleines,
Finance en gabegies les slogans et les marques.

Cette réalité n’est qu’un vaste mensonge,
Un produit calibré, scénarisé, spectacle
Où tout est convenu, où l’audience condamne
À promouvoir en geste un médiocre destin.

Pernicieusement, ce modèle social
Est vendu au bon peuple en l’éliminatoire
Où la plèbe vorace, enivrée de vivats
Renouvelle l’éclat d’antiques Colisées.

Une sauvagerie tranquille qui prend place
Après la météo, levant, baissant le pouce
Face au rétiaire dont, certes, la mise à mort,
Pour n’être que virtuelle est tout autant cruelle.

Car des maîtres du monde un modèle perdure :
C’est la loi de la jungle et malheur aux vaincus !
L’essence libérale n’aime les perdants,
Notre société goujate et sans scrupule

Fait cible de l’humain, distribue les fusils
Et s’amuse à ses chasses… L’homme est un gibier,
Trahi, laissé pour compte, inutile, chômeur,
En la fange croupie des paradis d’argent

Où s’épatent les forts. Aux larmes citoyens !
Il nous faut des gagnants, honni soit l’assisté,
Malheur à qui ne peut subsister en payant,
Malheur à qui ses bras ne donnent un salaire !

La générosité de l’offre et la demande
Eructe un avenir où il n’est de prébende,
Tout sera bon à prendre et le crime en vertu
Se changera dès lors que le gain sera grand.

Où donc est la justice, où donc est la morale,
Où sombrent le respect, humanisme et pudeur ?
Les faibles, les exclus ? Ils sont ceux que l’on floue.
Sans même un idéal, qu’on vise et met en joue !

Il est l’heure manant, allume ta télé :
Tu y verras la vie comme il faut qu’elle soit
Absurde, dérisoire et soumise à nos lois,
Loterie dont toujours tu seras le perdant !

mai 2007

Publié dans Citoyen

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I
Beau poème qui décrit bien ces exhibitions grotesques... Andy Warhol avait dit en 1968 déjà : &quot;A l’avenir, chacun aura son quart d’heure de célébrité mondiale&quot;<br /> Mais du Capitole à la Roche Tarpéienne il n'y a qu'un pas pour ces figures pathétiques qui vendent leur âme pour quelques sous ou produits de consommation, sous le regard abruti de la masse blasée et déboussolée...
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