En l’espace pluriel

Publié le par Lionel Droitecour

Photo extraite du film « Johnny Mad Dog » réalisé en 2008 par Jean-Stephane Sauvaire

Photo extraite du film « Johnny Mad Dog » réalisé en 2008 par Jean-Stephane Sauvaire

La tache de sang rouge, brune est devenue,
Qui donc saura, tantôt, que je suis mort ainsi ?
Un monument de pierre où sera mon tombeau,
L’oubli, plus sûrement qui disperse la cendre.

Je me suis avili à force de me rendre,
Eparpillée ma flamme, ainsi qu’un oripeau,
Je suis l’âme blessée qui agonise ici,
Percée de part en part, renversée sous la nue.

Je regarde le ciel et je n’y trouve rien,
Où mes sens ont faillit la douleur me domine,
Et l’angoisse mortelle à ma plainte répond :
En finir, ici-bas est ma seule espérance.

Je n’ai jamais connu que le deuil et l’errance,
Enfant soldat raflé par la haine sans nom,
Avant d’avoir vécu mon destin se termine
Enchainé à la mort, tel l’obscur galérien.

Et je n’ai plus de mots si ce n’est que des cris,
J’ai hurlé comme un fou dans le désert humain,
Une balle en ma gorge en a rompu le fil,
Après avoir violé ma rivière d’enfance.

J’ai fait de chaque jour une ultime balance
Et chaque soir était le but de mon exil,
Mais nul dessein offert au champ du lendemain,
Rien que la solitude au seuil de mes écris.

Et voici que la mort désormais m’a rejoint,
Silencieuse amante aux replis de ce corps,
Geindre est mon seul recours, effaré je contemple
Le flot de ce sang noir qui jaillit de mon ventre.

Je n’avais ici-bas que la forme d’un centre,
Cible, je me dissous et mon chœur devient ample,
Aux frondaisons, murmure, où je m’évade encor,
En l’espace pluriel qui ne m’effraye point.

février 2014

Publié dans Résilience

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