Cendres de naguère
... Et, dans le vain brasier des cendres de naguère, disperser les fumées de notre humble mystère ...
Je t’ai haï, je crois, et le regrette encore ;
Moi, que le trouble creux de la folie ignore,
Je te voyais détruire une lumière en toi
Qui n’y pouvait que luire au chevet de l’effroi.
Tant de jours sont passés, mais tu n’es plus vivant ;
La douleur à mon front que j’ai couvert, souvent,
Parle de ta mémoire comme d’un cheveu blanc
En ce vide à jamais que rien ne va comblant.
Nous fûmes je crois bien, jadis, une famille,
Ramure desséchée, désormais, qui se vrille,
Bois mort en le sarment d’une vigne improspère.
L’élagueur y viendra, demain, couper misère
Et, dans le vain brasier des cendres de naguère,
Disperser les fumées de notre humble mystère.
mars 2010