Aria da capo
Aussi longtemps que je vivrai,
Musique sera mon regret :
Les mots ne m’en consolent pas,
Ne vais qu’au rythme de mes pas.
Peu me chaut d’être le soliste
Sous les lumières de la piste,
Ni les hourras, ni les bravos :
Fastes ne sont que vains travaux.
Mais, dans ma solitude, nu,
De l’instrument par moi tenu,
M’enchanter d’une mélodie,
Reniant toute palinodie.
Et dans le soir de ma déroute,
À chanfreiner sans fin mon doute,
D’un archet en ma main créer
Ce fol désir où veut m’ancrer.
Seul devant le néant amer,
Aboli par la vaste mer,
Musique sera mon regret
Aussi longtemps que je vivrai.
décembre 2010
L’aria da capo, forme musicale très prisée durant la période baroque, est une mélodie que l’on reprend à l’identique, après un développement plus ou moins élaboré, revenant ainsi « au début » de l’œuvre, ce qui est le sens exact de cette locution italienne. L’exemple le plus parfait que l’on puisse en donner est l’aria des variations Goldberg BWV 988 de Johann Sebastian Bach, laquelle après avoir été exposée au début l’œuvre fait l’objet de trente métamorphoses de la ligne mélodique de sa basse, avant d’être reprise, inchangée, après ce long parcours, à la manière d’un infini musical qui se clos sur lui-même.
Pour de plus savantes explications voir ici